Elles ne se connaissent pas, mais nous les avons toutes les deux interrogées. L’une habite Arcachon, l’autre Rouen. Marie-Hélène et Guylaine donnent de leur temps pour des personnes en situation de pauvreté, conscientes que l’écoute est aussi importante que la distribution alimentaire.
Un beau jour, Marie-Hélène marche dans les rues d’Arcachon. Elle a quitté Bordeaux, où elle était notamment bénévole à la Conférence de Saint-Vincent de Paul – une association qui aide les personnes isolées ou précaires –, pour emménager dans cette ville de la côte aquitaine.
Devant elle, une vitrine, où elle lit ces mots : « Équipes Saint-Vincent ». Elle entre. Vingt ans plus tard, elle fait toujours partie de l’association locale des Équipes Saint-Vincent, groupes de femmes fondés par saint Vincent de Paul, dans le désir d’agir pour ceux qui vivent des situations de pauvreté ou de souffrance. Ces équipes sont présentes dans de 44 villes en France, et Marie-Hélène en est aujourd’hui la présidente pour l’équipe d’Arcachon.
Notre bénévole consacre le mercredi matin et le jeudi après-midi aux activités de l’association. Dans le local, elle accueille les personnes qui viennent y chercher une oreille attentive. « Parfois, ce n’est qu’au bout de deux ou trois rencontres que certaines personnes disent avoir un besoin alimentaire, ou autre », raconte la retraitée, avec son accent chantant.
« Dans le vestiaire solidaire que nous proposons, on voit souvent des personnes âgées qui finissent par dire qu’elles ont besoin d’argent. Elles ont peur de le dire, mais elles se sentent en confiance, car nous essayons de les écouter sans juger, ni poser de questions indiscrètes, ni donner de conseil. »
Marie-Hélène ajoute : « J’ai récemment suivi une formation à la Fédération des Equipes Saint-Vincent, où l’on a beaucoup insisté sur le fait de ne pas provoquer les confidences, mais simplement d’attendre et d’établir la confiance. Au début, à mon arrivée à l’association, je posais beaucoup de questions aux personnes qui venaient. En fait, elles ne diront que ce qu’elles ont envie de dire ! »
Chaque semaine, pendant deux matinées, l’équipe distribue en tout une trentaine de paniers alimentaires. Ceux-ci contiennent de la viande récupérée dans les invendus de supermarchés, des œufs, et des conserves que les bénévoles achètent.
Deux après-midis par mois, Marie-Hélène participe à la « coopérative d’insertion », une activité dans laquelle les équipières Saint-Vincent accueillent des femmes isolées, dans un local mis à disposition par le CCAS (Centre communal d’action sociale) d’Arcachon. « Nous retrouvons environ 13 femmes de diverses origines, qui sont des mères seules, des femmes en difficulté financière ou familiale, ou encore des personnes handicapées. Ensemble, nous faisons des activités qui procurent du bien-être : de la cuisine, de la décoration, des piques-niques, des marches... Nous passons de bons moments ensemble. Si l’une d’elles a besoin d’être écoutée, nous nous isolons toutes les deux. »
Marie-Hélène observe que la première préoccupation de ces femmes est de se procurer de quoi se nourrir, et de faire manger leurs enfants. Elles ont aussi parfois besoin d’essence pour aller travailler - leur emploi ne leur faisant pas gagner un salaire suffisant. Dans ces cas-là, les équipières accompagnent la personne à la pompe à essence et paient le plein de carburant.
« Je me souviens d’une femme qui est arrivée aux Équipes Saint-Vincent très déprimée, envoyée par une assistante sociale : elle était en cours de séparation et avait deux enfants, détaille la présidente de l’association à Arcachon. Nous lui avons proposé une aide alimentaire et une invitation à la coopérative d’insertion. Elle nous a dit s’être sentie accueillie et en confiance, rassurée notamment d’être uniquement entre femmes. "J’étais dans un lieu neutre où l’on ne me jugeait pas et on ne me conseillait pas, a-t-elle raconté. Cela a clarifié mes idées. J’ai repris confiance en moi." »
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