Pendant la période de Noël à l’abri des familles de la prison de Nanterre, il y a le traditionnel sapin décoré avec beaucoup de soins par nos bénévoles. Il donne de la gaieté au local plutôt tristounet.
Pour fêter Noël, nous offrons aux enfants la possibilité de se faire photographier avec un appareil instantané et d’apporter la photo joliment encadrée au Papa en prison. Ce ne sont pas des photos Harcourt, loin de là, mais les enfants sont tout fiers d’entrer au parloir avec un cadeau pour leur père.
Noël à la maison d’arrêt de Nanterre, ce sont surtout les colis de Noël. Apporter de la nourriture aux personnes détenues est strictement interdit. Sauf pendant la période de Noël où l’administration pénitentiaire autorise les familles et proches à déposer des colis qui peuvent -entre autres- contenir la précieuse nourriture. Tout le monde en parle longtemps avant. Est-ce qu’on aura droit aux colis de Noël ? Quand vont commencer les colis de Noël ? Qu’est-ce qui est autorisé dans les colis de Noël ?
Le dispositif est le même dans toutes les prisons de France. 5 kg en 3 fois maximum. Tout doit être emballé dans des sacs transparents pour le contrôle par un agent de l’administration pénitentiaire. Pas de produit frais qui risque de se détériorer à l’air libre.
Isabelle raconte comment, il y a quelques années, elle a vu arriver une famille avec un poulet encore cru. Pour éviter le retoquage par le préposé au contrôle, le poulet a été cuit -morceau après morceau- dans notre petit micro-onde qui nous sert à réchauffer le lait. « On a fait avec ce qu’on avait sous la main » dit Isabelle. Aujourd’hui, les règles ont changé et la viande cuite est maintenant interdite.
Si tout est clairement explicité dans des circulaires affichées, il faut expliquer -encore et encore- ce qui est autorisé ou non, faire accepter les motifs d’interdiction, calmer les déceptions, rappeler les plages horaires de dépôt (Non ce n’est pas non-stop toute la journée…) et aider les personnes arrivant à la dernière minute avec tout en vrac !
Noël ce sont aussi des moments de grâce dans ce maelstrom… Une maman avec 3 enfants arrive à l’abri des familles. Les deux ainés gesticulent partout. Le petit dernier dort dans un landau. Sylvie se penche vers lui, relève la tête et me dit « Regarde comme il est beau, on dirait l’Enfant Jésus ».